Appuis sur le sol, à la brosse et d‘un mouvement intense et vif, Anne Moser trace la structure fragile du tableau. Le geste est prompt, large, l‘énergie présente, la chorégraphie dans le corps. Le vent, la lumière, le monde végétal imprègnent son inspiration. Elle vit ce moment dans l‘espace de la nature, utilisant des encres souvent le noir et blanc, plus récemment la couleur. Avec des outils qu‘elle construit sur place, à partir d‘éléments naturels – plumes, joncs… – ou de pinceaux manufacturés, elle prend note des lumières, des transparences, des bruissements de la vie; elle balaie, projette ses impressions sur le papier avec un « dripping » qui ponctue l‘élan annoncé et fait vibrer la toile.
Retour à l‘atelier, elle maroufle le papier japonais rapporté, le reprend, le recouvre, lui confère une profondeur transparente, suggère un lieu intime qui engage à revisiter le paysage. Nouveaux collages, nouvelles touches colorées–comme des repentirs-, la sensibilité juste, retrouvée jusqu’à l‘abstraction, perceptions et sentiments mêlés, Anne Moser trace, sur le carré de la toile, l‘illusion d‘un univers apaisé ou farouche, son humanité.
La référence à la peinture extrême–orientale est dite, papier japonais, encre de Chine, noir et blanc, dégradés, mais Anne Moser s‘en libère: le geste est spontané, les outils sont sommaires, l‘écriture contemporaine, le paysage ouvert, en perspective.
A Antony, à l‘atelier Bignolais, Anne Moser développe sa gestuelle en céramique et elle poursuit actuellement ses recherches sur volume en porcelaine à l‘atelier Guy Honoré.
Michel COUËSLAN, psychanalyste, juin 2010