Le papier marouflé, comme la peau d’une atmosphère, présente, dans la transparence de sa virginité, les traces du hasard de son positionnement.
La lumière s’accroche aux aspérités comme pour lui donner une nouvelle identité, une vraie fonction.
Cette blancheur accidentée pure et lumineuse est prête à accueillir ces traces que seul, le mental dans sa fonction la plus complexe et la plus « noble » est capable de concevoir…
Des noirs, gris, brossés ou spaltés en transparences plus ou mois intenses vont naturellement jouer avec cette lumière virginale, mystique, pour approcher cette naissance problématique des organisations complexes à force d’être simple et limpide, ces entrelacs de branches sombres resteront lumière dans la lumière.
Nous sommes dans les œuvres d’Anne Moser, dans la vérité secrète, cachée, inaccessible des origines.
L’épouvante du mystère le plus absolu pour nous, l’être humain, n’a même plus lieu d’être.
Il est dépassé, passé dans cette zone ou plus rien ne ressemble à rien puisque hors de toute utilité humaine.
La peinture d’Anne Moser est une peinture d’amour qui peut se passer de l’épaisseur du sens commun pour laisser l’amour dans le flottement indicible des lumières divines.
Jean-Jacques BAILLY, peintre-écrivain, novembre 2000